« Parler à son enfant dans une langue étrangère : une bonne idée ?» article de Courrier International

Posté par: Rebeca Cantarero Catégorie: Uncategorized Commentaires: 0

« Parler à son enfant dans une langue étrangère : une bonne idée ?» article de Courrier International

Para que sean bilingües, algunos padres les hablan a sus hijos todos los días en un idioma que no es el de ellos. Sin embargo, este método educativo no es muy efectivo, según especialistas en ciencias cognitivas.” artículo publicado por Courrier Expat en francés.

Pour les rendre bilingues, certains parents parlent tous les jours à leurs enfants dans une langue qui n’est pas la leur. Cette méthode éducative est pourtant peu efficace, selon les spécialistes en sciences cognitives.

“Hanna, come now, we go home !” [“Hanna, viens maintenant, on rentre !”] lance la mère d’Hanna sur l’aire de jeux. À son accent suisse allemand, on comprend que l’anglais n’est pas sa langue maternelle.

Le multilinguisme est très valorisé de nos jours et l’on recense en Suisse et en Allemagne de plus en plus d’écoles privées et de maternelles où l’enseignement se fait en anglais ou en français. Pour certains parents, ce n’est pas encore assez tôt, et c’est pourquoi ils s’adressent à leur bébé dans une langue qu’ils maîtrisent peut-être bien, mais qui n’est pas leur langue maternelle. Comme Anna B. : depuis la naissance de son fils, elle lui parle en anglais.

On voulait qu’il parle deux langues dès le départ pour que ce soit plus facile pour lui à l’école. En plus, on a beaucoup d’amis anglophones avec lesquels il pourra tout de suite communiquer.”

Les bilingues avantagés

L’image de l’éducation bilingue a beaucoup évolué ces soixante dernières années. Jusqu’aux années 1960, l’opinion couramment admise était que le fait de grandir en parlant deux langues nuisait à l’intelligence de l’enfant et que celui-ci ne parlerait aucune des deux correctement plus tard. On sait depuis longtemps que c’est faux.

Certes, la plupart des personnes bilingues ont dans chacune de leurs langues un vocabulaire légèrement moins étoffé que celui des monolingues et les mots mettent un peu plus de temps à venir. Mais ce sont des différences minimes qui ne se voient pas au quotidien, assure Stephanie Wermelinger, spécialiste du développement du langage à l’université de Zurich.

De multiples études montrent en revanche que les bilingues réussissent mieux certains tests cognitifs que les monolingues. Ellen Bialystok, de l’université York, a été une des premières à le constater dans ses travaux. Son hypothèse est que les gens qui maîtrisent deux langues entraînent certaines de leurs capacités cognitives en permanence.

Possédant deux systèmes linguistiques, ils doivent être plus souples et désactiver un système pour activer l’autre. Il est possible que cela renforce leur capacité globale à sélectionner ou à écarter des informations et donc à mieux gérer leur comportement. Cette maîtrise de soi joue un rôle de tout premier plan dans un grand nombre de domaines de la vie et passe pour un facteur important de réussite scolaire, professionnelle et sociale.

Des études contradictoires

Ellen Bialystok et d’autres scientifiques ont montré dans un éventail d’études que les personnes qui parlaient deux langues dès la naissance réussissaient mieux les tests cognitifs que les monolingues. Ils y voient la confirmation de leur hypothèse.

Cela étant dit, il existe également de multiples études qui ne trouvent aucune différence entre les monolingues et les bilingues à l’issue des mêmes tests, si bien qu’un fossé s’est creusé entre les défenseurs et les détracteurs de cette hypothèse, qui s’accusent mutuellement d’avoir mené des études lacunaires ou cherchent des explications possibles à la disparité des résultats.

Il existe par exemple plusieurs formes de bilinguisme, selon les langues parlées et le degré de maîtrise de celles-ci. Les effets [sur les capacités cognitives] n’interviennent sans doute que lorsque les locuteurs maîtrisent aussi bien l’une et l’autre langues ou lorsqu’elles se ressemblent beaucoup et que surviennent des conflits entre les systèmes linguistiques.

Force est de reconnaître que les effets (si tant est qu’il y en ait) ne sont pas particulièrement marqués, observe Stephanie Wermelinger. Autrement dit, les avantages cognitifs potentiels ne sont pas une raison suffisante pour donner à un enfant une éducation bilingue.

Un lien affectif à la langue

La plupart des spécialistes déconseillent aux parents d’éduquer leurs enfants dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle. La qualité de l’expression n’est même pas la raison principale : même quand on parle bien une langue, le vocabulaire qu’on possède est souvent réduit.

Par ailleurs, on ne communique pas entre parents et enfants comme on communique entre adultes ou dans la vie professionnelle. Mais, surtout, faire aboutir un tel projet n’est pas chose aisée. Annick De Houwer, professeure spécialiste de la linguistique expérimentale et du plurilinguisme à Erfurt explique :

La langue crée un lien affectif : la plupart des femmes ont donc du mal à parler à leur enfant dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle.”

Beaucoup reconnaissent en effet que ça ne leur est pas naturel. D’autant qu’il est important de s’adapter à l’enfant en modulant son intonation et en choisissant des mots et des phrases simples. Un exercice difficile quand on n’a pas soi-même appris enfant la langue en question.

Les parents rendraient davantage service à leur enfant s’ils lui parlaient abondamment dans une langue qu’ils maîtrisent bien, ajoute-t-elle. C’est le meilleur moyen de le préparer à l’apprentissage d’autres langues plus tard.

Apprendre dès le plus jeune âge

Une idée répandue voudrait que les enfants apprennent d’autant plus facilement une langue qu’ils commencent tôt, mais c’est faux. Un enfant de 6 ans a mis six années à arriver au niveau de langue d’un enfant. Si un adulte passait autant de temps à apprendre une langue, on attendrait plus de lui.

Concernant le moment idéal pour apprendre une deuxième langue, les avis sont partagés. La science n’est pas claire à ce sujet, ce qui tient sans doute aussi au fait que chaque enfant et chaque situation d’apprentissage sont différents.

Ce que l’on sait, en revanche, c’est que les enfants n’apprennent pas à parler de la même manière selon qu’ils sont en famille ou à l’école (et l’on apprend encore différemment quand on est adulte). Ils prennent la langue comme un jeu, en ont une approche plus intuitive. Simone Pfenniger, professeure spécialiste du bilinguisme à l’université de Salzbourg, constate :

À l’école, l’âge ne fait pas une grande différence au début de l’apprentissage. Mais, dans le cadre de l’apprentissage naturel d’une langue, il est évident que les enfants apprennent d’autant plus vite qu’ils commencent tôt.”

Plus d’efforts pour les adultes

“Cela confirme ce que l’on sait du processus de maturation du cerveau”, relève l’orthophoniste et linguiste Anne Rösch. Le cerveau d’un enfant mûrit par étapes. Au départ, il se contente surtout de créer de nouvelles connexions, avant un processus de sélection au cours duquel les connexions superflues sont éliminées et les autres, plus sollicitées, sont au contraire consolidées.

Il y a donc des phases sensibles, au démarrage du processus, pendant lesquelles les enfants apprennent plus facilement que par la suite.”

Les apprenants motivés ou particulièrement doués peuvent aussi apprendre les subtilités d’une langue à un âge plus avancé – car, tout au long de la vie, des connexions cérébrales sont renforcées ou supprimées – mais cela demande un investissement plus important, tempère Anne Rösch.

L’éducation bilingue : un défi

Une éducation bilingue est très exigeante. Les parents doivent parler beaucoup aux enfants dans les deux langues, les reprendre d’une manière qui soit naturelle et ludique et les encourager à mettre leurs acquis en pratique. Or les locuteurs natifs ont souvent du mal à s’y tenir au quotidien.

D’autant que la réussite n’est en rien garantie. Un quart des enfants ayant reçu une éducation bilingue comprennent les deux langues, certes, mais n’en parlent qu’une. Plus la personne référente de l’enfant [généralement un des deux parents] parlera une langue, plus les chances seront élevées qu’il en fasse lui-même un usage actif.

Il faut aussi que l’enfant comprenne pourquoi on lui demande de parler différentes langues avec différentes personnes, poursuit Anne Rösch. Quand il remarque que maman parle allemand avec tout le monde [sauf avec lui], cela peut l’amener à se poser des questions. Il faut avoir une réponse toute prête et convaincante pour l’enfant.

Au bout de quelques mois, Anna B. a arrêté de parler anglais à son fils. Dans son cas, le pédiatre le lui a déconseillé.

Lena Stallmach
Journaliste scientifique spécialisée dans les neurosciences et la biologie.
Lena Stallmach travaille depuis 2008 pour le journal suisse Neue Zürcher Zeitung.

SOURCE : NEUE ZÜRCHER ZEITUNG Zurich www.nzz.ch

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